Aller au contenu

Admiration dans la contemplation

Je vais en ce moment tous les matins faire ma prière, le crayon à la main, devant un grenadier couvert de fleurs à leurs divers degrés et je guette leur transformation. Je n’observe pas avec un esprit scientifique mais pénétré d’admiration pour l’œuvre divine. N’est-ce pas une façon de prier ? »

 Henri Matisse

 La prière consiste à rester en paix dans la contemplation admirative de ce que Dieu fait de beau dans ma vie, de la beauté qu’il sème autour de moi. 

Matisse contemple la création avec ce regard ébloui. Sa capacité d’émerveillement ne sera jamais émoussée, car il ne cessera de voir, jusque dans les dernières années de sa vie, la beauté de Dieu qui se manifeste à travers ses créatures. 

Il écrit à sœur Jacques-Marie : « Je vais en ce moment tous les matins faire ma prière, le crayon à la main, devant un grenadier couvert de fleurs à leurs divers degrés et je guette leur transformation. Je n’observe pas avec un esprit scientifique mais pénétré d’admiration pour l’œuvre divine. N’est-ce pas une façon de prier ? Et je fais en sorte – au fond je ne fais rien de moi-même car c’est Dieu qui conduit ma main – de rendre évidente pour d’autres la tendresse de mon cœur. J’obéis, je le crois fermement, au Père, au Fils et au Saint Esprit. Ma contemplation ne peut être simplement admirative ; elle doit être active, mettre en mouvement toutes les ressources de l’esprit pour créer le moyen le plus direct pour élever l’esprit de mes semblables vers une région qui les tire de leur basse condition humaine. »

Matisse a cherché toute sa vie la lumière et la vérité, c’est un immense artiste, un homme fin et subtil. Il a réfléchi au processus de la création : comment un peintre parvient à transmuer ce qu’il voit dans une œuvre merveilleuse, éternelle, universelle : « La plupart des peintres cherchent une lumière extérieure pour voir clair en eux-mêmes. Tandis que l’artiste ou le poète possèdent une lumière intérieure qui transforme les objets pour en faire un monde nouveau, sensible, organisé, un monde vivant qui est en lui-même le signe infaillible de la divinité, le reflet de la divinité. » 

Le père Couturier, un de ses amis dominicains, lui dit : « Pourquoi vous acharner à de grandes œuvres ? La plus belle œuvre, c’est votre cœur ! » Matisse répond : « Mais oui, c’est ça ! Vous voyez tous ces dessins : il faut qu’ils sortent du cœur ! Vous savez, c’est toujours Dieu qui me tient la main ; je ne suis pas responsable de la beauté que je crée. »

Que notre cœur ne soit jamais blasé, que l’Esprit Saint nous garde un cœur rempli d’admiration pour la création et embrasé par la beauté.

Faire défiler vers le haut