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Recette de cuisine

« L’Esprit souffle où il veut. Tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. »

Recette de cuisine

« Concrètement, comment on s’y prend pour le dialogue ? » L’interlocuteur qui m’interroge à ce sujet n’est pas le seul à me demander des conseils, voire des protocoles précis, pour « réussir » un dialogue avec un croyant d’une autre religion. « Ne faut-il pas, continue-t-il, commencer par prier, avant d’entrer en discussion ? » Ce questionnement m’a laissé un peu pensif pour deux raisons. D’abord, je suis dubitatif devant ce qui peut ressembler à une recette de cuisine : le dialogue interreligieux, c’est une rencontre humaine, ça ne se réussit pas comme un chou à la crème. Plutôt que suivre tel ou tel schéma, il s’agit d’abord d’être vraiment présent, comme dans toutes nos relations. 

Mais cette question m’a surtout fait réfléchir à la place de la prière dans la rencontre. Est-elle une préparation, comme on me le suggère ? Bien sûr, on peut prier avant d’entrer en dialogue. C’est toujours une bonne idée de mettre Dieu dans la partie, mais Dieu n’est pas seulement là avant la rencontre : c’est bien souvent l’autre qui me le révèle, quand je découvre avec émerveillement que Dieu m’a précédé. Bien avant moi, il conversait avec celui que je rencontre.

Pratiquer le dialogue interreligieux, parler de Dieu avec un croyant d’une autre foi, c’est parfois — pas toujours ! — vivre ces instants de grâce où j’entrevois l’Esprit saint, l’Esprit de Jésus, présent dans sa vie, même s’il ne l’appelle pas de ce nom-là. Ces instants bouleversants ne me révèlent pas un autre Dieu, et ne m’invitent certainement pas à changer de religion. Ils me font découvrir que le Dieu de Jésus-Christ est heureusement plus grand que moi, plus grand que toutes les cases où je l’enferme. Le dialogue devient alors contemplation, la plus profonde des prières.

Frère Adrien Candiard  Couvent du Caire  (Egypte)

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