« J’ai crié vers Toi, Seigneur, j’ai supplié mon Dieu : et Toi, Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. »
« Mais vous dansez, mon frère ! » Plusieurs fois, des choristes m’ont dit cela alors qu’en dirigeant une pièce pour la liturgie, je semblais m’agiter beaucoup… Il faut dire que l’habit dominicain, tout blanc, n’a rien de funèbre, et que le long chapelet que nous portons à la ceinture peut volontiers accompagner le mouvement en faisant cliqueter ses perles et médailles.
Les psaumes sont traversés d’émotions parfois contradictoires : tour à tour, le psalmiste pleure, se lamente, crie sa colère ou exulte de joie. Il est beau que ces textes, où se reflètent toute la richesse et la complexité du cœur humain, fassent partie de ce que nous reconnaissons comme « Parole de Dieu ». Parole du Seigneur dans nos cœurs d’hommes et de femmes, à travers nos émotions et sentiments, qui ne sont ni tout blancs ni tout noirs, mais mêlés comme l’est notre cœur pécheur. Une constante, cependant : chaque psaume sombre fait intervenir Dieu qui console le cœur abattu et rend au priant sa joie.
« Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. » Ici, c’est la transformation stupéfiante du deuil en joie, la conversion de la tristesse la plus grande en allégresse, jusqu’à l’esquisse d’un pas de danse dans des vêtements de fête. En réponse à notre cri, Dieu donne la joie au cœur du désastre. Une joie qui n’est pas superficielle, mais l’expression d’une confiance enracinée en nous. Cette joie que la vie peut sembler nous refuser, elle se conquiert parfois en l’exigeant de Dieu : « Rends-moi justice ! »*
Ayons confiance. Il séchera toute larme de nos yeux en nous donnant part à sa joie éternelle.