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Tactique du diable

Si tu es Fils de Dieu… si tu es Fils de Dieu…

Évangile selon saint Luc, ch. 4, v. 3 Quel menteur ! Depuis le début, cette langue de vipère n’arrête pas de me tromper. Sur moi. Sur toi. Sur Dieu. « Le père du mensonge », comme l’appelle Jésus. Sans cesse, il inocule dans mes veines le venin du soupçon. Dès lors, impossible de faire confiance à qui que ce soit. Ma vie intérieure, c’est la tétanie ! Pas plus tard que cette semaine, le tentateur m’a encore bien eu. « Malheureux, me dit-il, ta relation avec Dieu, c’est un champ de bataille. Crois-tu être parvenu au bout du combat, qu’une autre lutte s’engage, et ainsi de suite… » Je réponds, un peu crânement : « Qu’à cela ne tienne ! Je monterai au front. Mes appétits de jouissance, de domination, de richesse, je finirai bien par les dompter. »

La suite, je la connais. Une fois que l’effet « début de carême » se sera dissipé, j’ouvrirai les yeux. Mon champ de bataille ressemblera alors à un champ de ruines. Comme des boîtes tupperwares vidées l’une après l’autre, mes réserves de courage s’épuisent dans la lutte contre les tentations. Comment ne pas désespérer ? Maligne, la tactique du diable ! 

Mais cette érosion de mon espérance pourrait bien me rendre un grand service. C’est peut-être même ce qui me sauvera de Pharaon et des oignons d’Égypte. Désillusion après désillusion, la traversée du désert m’amène à la roche nue. Là, je n’ai plus que ce point d’appui, ce socle inébranlable que je devine, à tâtons, au fond de mon être : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »* C’est cette certitude du cœur que le diable voudrait bien faire voler en éclats. « Si tu es Fils de Dieu… si tu es Fils de Dieu… », assène-t-il à Jésus, comme pour l’amener à douter de l’amour dont il est aimé par le Père. 

Même méthode avec toi. Faire vaciller la confiance que tu as mise en cette Parole de Dieu : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. »** À la fin du carême, tu auras peut-être perdu des batailles ; tant que tu croiras à cet amour inconditionnel, tu n’auras pas perdu la guerre. La voilà, notre espérance ; celle que nous sommes chargés d’aller dire aujourd’hui. 

* Lc 3, 22.
** Is 43, 4.

frère Sylvain Detoc

Couvent de Toulouse

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