Nous aurons une chapelle où tout le monde pourra espérer. Quelle que soit sa charge de fautes, on pourra la laisser à la porte, comme les mahométans laissent la poussière des rues sur la semelle de leurs sandales à la porte des mosquées. »
Henri Matisse
Henri Matisse a voulu réaliser une chapelle de la consolation. « Nous aurons une chapelle où tout le monde pourra espérer. Quelle que soit sa charge de fautes, on pourra la laisser à la porte, comme les mahométans laissent la poussière des rues sur la semelle de leurs sandales à la porte des mosquées. »
Lorsqu’il parlait ainsi, Matisse parlait aussi de lui. Il disait à Picasso : « Eh bien oui, je fais ma prière lorsque tout va mal. Vous aussi, et vous le savez bien. Nous nous jetons dans la prière et nous retrouvons le climat de notre première communion. Vous le faites, vous aussi. Quand ça ne va pas, je redis mes prières du temps où j’étais enfant, et ça me remet dans un monde où tout va mieux. »
La conception de la chapelle et l’amitié avec sœur Jacque-Marie s’expliquent par cette volonté pour Matisse de recouvrer l’innocence. La consolation de Dieu qu’on veut revivre, la nostalgie inextinguible d’une visitation de l’ange dont on a été gratifié dans l’enfance, la joie immense, une plénitude fugace qui nous a fait espérer autre chose et dont le cœur ne guérit jamais.
Au début de la deuxième lettre aux Corinthiens, saint Paul nous présente Dieu ainsi : « le Père de toute consolation, qui nous console dans toute nos épreuves afin que nous-mêmes, par la consolation de Dieu, nous puissions consoler les autres… » C’est en ce Dieu là que Matisse croit : le Dieu qui l’a consolé à la fin de la guerre et dans ses terribles épreuves de santé en lui envoyant la joyeuse et réconfortante amitié de sœur Jacques-Marie. Consolé, il a voulu créer une chapelle où les autres puissent à leur tour trouver la consolation dans la proximité de Dieu.
Que le Seigneur mette sur notre route des consolateurs afin que nous puissions à notre tour réconforter ceux qui sont dans la peine.