Courons à Bethléem
Ici, en Terre sainte, il y a deux lieux où l’on court. On court au Saint-Sépulcre, comme les femmes le jour de Pâques, pour voir le tombeau vide et chanter la gloire du Ressuscité. On court à la crèche de Bethléem pour voir l’enfant de Noël, dans l’humilité de sa grotte. Honnêtement, on peut comprendre pourquoi on se presse pour la Résurrection, un événement unique, inouï et qui a changé le cours de l’Histoire. Mais courir voir un bébé dans un berceau, qu’y a-t-il d’extraordinaire ? Des bébés, il en naît tous les jours…
À Bethléem, nous allons voir ce que personne, il y a deux mille ans, ne pouvait imaginer : Dieu fait homme. À Bethléem, nous apprenons à changer notre regard sur Dieu : Dieu, par nature inaccessible, ineffable, inconnaissable, prend notre humanité et s’incarne dans la fragilité d’un enfant. Cet abaissement de Dieu remet non seulement en cause nos idées préconçues, mais il nous invite aussi à un regard renouvelé sur l’homme, sur les autres. Si Dieu s’est abaissé, s’est vidé de lui-même, dit la théologie, pour venir dans notre humanité, c’est que notre humanité est aimable et que nous devons voir chaque frère comme une personne fragile, mais sacrée. L’Incarnation de Dieu a donc une conséquence directe sur mon rapport aux autres : en m’étonnant devant la fragilité et tous les besoins de l’enfant de Bethléem, je dois aussi voir en mon frère un être fragile qui a besoin de moi. Entraînons notre regard, habituons-le à voir la beauté et la fragilité de notre humanité : en aimant cet enfant né il y a deux mille ans, que je puisse aimer mon frère aujourd’hui.