« Joseph fit atteler son char et monta à la rencontre de son père Israël. Dès qu’il le vit, il se jeta à son cou et pleura longuement dans ses bras. » Livre de la Génèse 46. 29
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Joseph, descendu dans la citerne, vendu par ses frères, emmené en Égypte, jeté en prison, n’a pas pleuré dans les épreuves. Le voici qui pleure de joie quand il retrouve sa famille. Il craque d’être reconnu, au sens total : reconnaissance et gratitude. Le contraire de l’ignorance, du mépris, de l’oubli. Une joie plus forte que la détresse immense qu’il a connue, une joie débordante, incontrôlable, qui le fait pleurer, nous précise-t-on, bruyamment et « longuement ». On peut imaginer les sanglots violents dont il était secoué.Joseph, trahi par ses douze frères, retrouvé par son père, est une figure du Christ. La joie de Jacob qui retrouve son fils est figure de la joie de Dieu. « Il était mort et le voici vivant, il était perdu et il est retrouvé . » C’est la joie du père du prodigue quand celui-ci revient. La joie des retrouvailles alors que l’on a « fait son deuil ». Une joie imprévue, qui survient gratuitement, alors que l’on n’a fait quasiment aucun effort pour l’obtenir. Une joie partagée, réciproque, multipliée. Une joie de renaissance, de reconnaissance, d’une nouvelle « naissance » : avec des frères et avec un père. Une joie en relation, participation à l’amour qui est Dieu, tellement fort qu’il n’est qu’un, en restant trois. On pourrait ajouter aujourd’hui que ce récit est genré : il n’est question ni de femmes ni de sœurs. Peut-être que lorsqu’« on » aura compris, que lorsqu’« on » aura reconnu l’existence des sœurs, des femmes, on vivra une joie de cette intensité. Soeur Marie MONNET |