« Je veux que les visiteurs de la chapelle se trouvent dans un milieu où l’esprit s’élève, où la pensée s’éclaire, où le sentiment lui-même est allégé. »
Henri Matisse
Pour Matisse, l’œuvre d’art, si elle est réussie, doit élargir l’espace qui l’enclot, déborder le cadre du tableau ou dilater la pièce qui l’accueille. « L’intérêt est – comme dans la peinture en général – de donner avec une surface très limitée, l’idée de l’immensité. J’ai voulu créer un espace infini dans un local réduit. Il y a dans les éléments de décoration de la chapelle une légèreté qui correspond à l’objet du lieu. Cette légèreté donne le sentiment de dégagement, de franchissement. »
Il s’est passionné, de 1948 à 1951, à concevoir un lieu de culte, une chapelle de taille et de hauteur modestes, afin qu’elle semble bien plus vaste parce qu’elle sera gorgée de lumière et de beauté, au point que beauté et lumière repoussent les murs dans l’esprit du fidèle qui s’y trouve. Il disait : « Je veux que les visiteurs de la chapelle se trouvent dans un milieu où l’esprit s’élève, où la pensée s’éclaire, où le sentiment lui-même est allégé. » Il écrivait à sœur Jacques-Marie : « J’ai été amené (très modestement) à me considérer comme ayant sur terre été désigné par le Très-Haut pour rafraîchir dans l’esprit des autres hommes la vision des choses qui mène à une élévation d’esprit qui aboutit au Créateur. J’obéis, je le crois fermement, au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Ma contemplation ne peut être simplement admirative mais elle doit être active, mettre en mouvement toutes les ressources de l’esprit pour créer le moyen le plus direct pour élever l’esprit de mes semblables vers une région qui les sort de leurs basses conditions humaines. »
Quelle réussite quand les lieux nous aident ainsi à nous élever vers Dieu, à tendre notre volonté vers lui, mais dans la douceur, dans la confiance, dans la légèreté !