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Croire comme un cardinal albanais

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau. »

En novembre 2016, le pape François a nommé cardinal un vieux bonhomme de 88 ans : un prêtre albanais, Ernest Simoni, dont le récit l’avait bouleversé lors de son voyage apostolique en Albanie deux ans plus tôt. 

L’Albanie est le dernier pays européen à être sorti du communisme. Pendant des décennies, il a vécu sous la terreur d’un dictateur fou, Enver Hoxha. Les Églises chrétiennes furent particulièrement persécutées et Ernest Simoni, ordonné prêtre en 1956, fut rapidement arrêté et emprisonné. D’abord condamné à mort, il voit sa peine commuée en travaux forcés dans des mines de chrome. Libéré au bout de 18 ans, il travaille dans les égouts de Sköder, une ville du nord de l’Albanie. Il ne retrouvera la liberté qu’en 1991, après 27 années de détention.

Lorsque le pape François vint à Tirana, ce vieux prêtre lui raconta comment, tout au long de ces années, il avait gardé espoir en s’appuyant sur « la grâce divine et l’amour de Jésus ». Pour ne pas se laisser contaminer par un désir de vengeance, il s’est efforcé de consoler et de réconcilier ses compagnons d’infortune et même ses geôliers. François est bouleversé. Ému aux larmes, il tombe dans les bras d’Ernest.

Quand nous désespérons de Dieu et trouvons qu’il est loin, voire absent, pensons à ces héros de l’espérance, qui n’ont jamais désespéré, envers et contre tout. La force de l’Église vient d’abord de ses martyrs, de ces hommes et de ces femmes qui ont aimé et cru, au-delà du raisonnable. Normal qu’un cardinal albanais soit habillé en rouge, couleur du sang et de l’amour. 

Jean Jacques Pérennès

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